Un coup de téléphone manqué le soir en rentrant du travail. Un message d'inquiétude, l'urgence de rappeler rapidement. L'anxiété me tord les entrailles, je suis incapable de prendre le combiné du téléphone pour m'informer. J'appelle mes frères... le premier ne répond pas, le deuxième oui. Je lui demande d'appeler, je ne me sens pas capable de le faire. Je raccroche. Attente. Stress. Émotions en pagaille.
Les nouvelles arrivent quelques 20 minutes plus tard, directement de là -bas: L'horrible crabe a encore frappé. Oui, celui qu'on n'a pas vu depuis des années et des années dans ma famille. Celui qui a emporté mes deux grand-mères... l'une quand je n'étais pas née, l'autre dans ma plus tendre enfance. Puis l'an passé, il viendra abimer une de mes cousines, qui le vaincra non sans grands efforts et beaucoup de larmes. Maintenant, il s'en prend à mon père.
Je suis sous le choc. Pleurs et colère s'entrechoquent. Mais en même temps les nouvelles ne sont pas si mauvaises puisque le vilain a été trouvé au tout début, logé dans un lobe du poumon droit. Le positivisme qui est si profondément encré en moi remontre très vite. Et malgré la distance, je me dis que s'aurait pu être pire: j'aurais pu être encore en France, à 8000km d'éloignement, et vivre cela sans ma famille. Au moins maintenant, je suis entourée des miens et je pourrai être près de lui en moins de 7h de route. La vie, à quelque part, m'a rapprochée au bon moment. Et j'en suis convaincue, tout se passera bien.